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Comment protéger un site Internet ?

Dans un monde toujours plus connecté et de plus en plus confronté aux cyberattaques, il est légitime de s’interroger sur comment protéger un site Internet. Depuis quelques années, on constate une recrudescence d’offensives de toutes sortes. Comment se prémunir de ces actions pouvant mettre en péril votre entreprise et son activité ?
Choisir son hébergement
La première initiative sera de bien choisir votre hébergement. On ne parle pas uniquement de puissance, d’espace de stockage ou de bases de données. Il faut aussi penser au type d’hébergement (mutualisé, dédié, …), à sa localisation et potentiellement, à son propriétaire ).
Critères pour un hébergeur sécurisé
Le choix de l’hébergeur est la première brique de la sécurité de votre site. Un bon prestataire ne se limite pas à proposer de l’espace disque et de la bande passante. Il doit garantir un environnement robuste et résilient. Les critères essentiels à examiner sont :
- La redondance des infrastructures : serveurs répartis sur plusieurs datacenters pour assurer une continuité de service en cas de panne.
- La certification des datacenters : normes ISO 27001 ou Tier III/Tier IV attestant de la qualité des mesures de sécurité.
- La surveillance proactive : un hébergeur sérieux dispose d’équipes qui monitorent 24/7 les tentatives d’intrusion et agissent rapidement.
- Les sauvegardes automatisées : un hébergeur sécurisé doit inclure un système de backup régulier, stocké sur un site distant.
- La souveraineté des données : privilégier un hébergeur dont les serveurs sont situés en France ou en Europe, soumis au RGPD, permet de réduire le risque de transfert non maîtrisé des données.
En résumé : choisissez un hébergeur qui fait de la sécurité un pilier de son offre, et non une simple option.
Configuration minimale du serveur
Même avec le meilleur hébergeur, une mauvaise configuration peut transformer votre serveur en véritable passoire. Voici les fondamentaux à exiger :
- Mises à jour régulières : système d’exploitation (Linux, Windows Server…) et logiciels utilisés (PHP, MySQL, Nginx/Apache) doivent être patchés.
- Accès limité : suppression des comptes inutiles, mots de passe forts, authentification à deux facteurs et restriction des accès SSH/FTP uniquement aux adresses IP autorisées.
- Chiffrement systématique : l’activation du protocole HTTPS via un certificat SSL/TLS n’est plus une option mais une obligation. Les données échangées entre le serveur et l’utilisateur doivent être protégées.
- Segmentation des environnements : séparer les environnements de développement, test et production pour éviter une erreur ou un accès non autorisé.
- Surveillance et logs : chaque connexion, tentative d’accès et erreur doit être consignée et analysée afin de détecter rapidement une activité suspecte.
Mise en place d’un pare-feu (WAF)
Le Web Application Firewall (WAF) est une couche de protection indispensable pour filtrer et bloquer les attaques courantes avant qu’elles n’atteignent votre site. Concrètement, il agit comme un vigile qui inspecte chaque requête :
- Filtrage des attaques connues : injections SQL, XSS (cross-site scripting), tentatives de force brute ou encore exploitation de failles connues dans vos plugins ou CMS.
- Blocage des IP malveillantes : le WAF peut reconnaître et stopper les connexions venant de réseaux identifiés comme sources d’attaques.
- Protection contre les DDoS : en cas de surcharge volontaire du serveur, le WAF absorbe et redistribue la charge pour maintenir le site accessible.
- Apprentissage et adaptation : les WAF modernes intègrent des mécanismes d’IA pour identifier de nouveaux schémas d’attaques et s’adapter en continu.
Chiffrement et communication sécurisée
La première brique de sécurisation est posée avec le choix de l’hébergement… mais ce n’est pas fini ! D’autres actions peuvent (et doivent) être mises en place pour garantir la meilleure sécurité possible pour votre site Internet.
Installation de SSL/TLS
Le certificat SSL/TLS (Secure Sockets Layer / Transport Layer Security) est devenu incontournable pour tout site Internet. Qu’il s’agisse d’un e-commerce, d’un portail institutionnel ou même d’un simple site vitrine. Il permet de chiffrer les échanges entre le navigateur de l’utilisateur et le serveur, empêchant ainsi toute interception ou modification des données .
Quelques points clés à retenir :
- HTTPS obligatoire : sans certificat, votre site sera affiché comme “Non sécurisé” dans les navigateurs modernes, ce qui peut faire fuir vos visiteurs (ou en attirer d’autres moins bien intentionnés).
- Certificats gratuits ou payants : Let’s Encrypt propose des certificats gratuits et fiables. Pour des usages plus avancés (banque, assurance, sites sensibles), il est recommandé d’opter pour des certificats payants offrant un niveau de validation supérieur (OV ou EV).
- Impact SEO : Google privilégie les sites en HTTPS dans son classement. Ne pas avoir de certificat SSL/TLS peut donc vous pénaliser en termes de référencement.
- Renouvellement et suivi : un certificat doit être renouvelé régulièrement (souvent tous les 90 jours pour Let’s Encrypt). Automatiser ce processus est essentiel pour éviter les interruptions de service.
Ainsi, le certificat SSL/TLS impacte bien plus que la seule sécurité. Il est devenu incontournable également pour d’autres usages, dont le référencement naturel.
Redirections et HSTS
Installer un certificat SSL/TLS ne suffit pas si vos visiteurs peuvent encore accéder à une version non sécurisée de votre site. C’est là qu’interviennent les redirections et le HSTS.
Les redirections servent à envoyer automatiquement tout le trafic non sécurisé (HTTP) vers la version sécurisée (HTTPS) de votre site. Ainsi, chaque visiteur navigue toujours sur la bonne version.
Le HSTS (HTTP Strict Transport Security) est une règle qui indique au navigateur d’un utilisateur que votre site doit toujours être consulté en HTTPS, même s’il essaie d’y accéder autrement.
Redirections et HSTS sont les garants que votre site est systématiquement consulté en mode sécurisé. Sans risque de “retour en arrière” vers une connexion vulnérable.
Protection applicative
Tout cela vous semble complexe ? C’est en partie vrai… mais c’est aussi ce qui va impacter le prix d’un site Internet. De nombreux acteurs vendent des sites Internet à des tarifs très attractifs … Mais, si les prix sont bas, cela implique forcément que des postes de dépense soient négligés. Et, très souvent, c’est la sécurité qui en pâtit. Or, la conception du site doit elle aussi s’appuyer sur de bonnes pratiques pour protéger vos données et celles de vos visiteurs.
Mises à jour correctives (CMS, plugins, thèmes)
Un site Internet n’est jamais figé. Chaque CMS, chaque thème, chaque extension repose sur du code qui peut contenir des failles de sécurité découvertes avec le temps. Les éditeurs publient régulièrement des mises à jour correctives pour colmater ces brèches. Ne pas les appliquer, c’est exposer son site à des attaques automatisées qui exploitent précisément ces vulnérabilités connues. La bonne pratique consiste à maintenir un processus régulier de mise à jour et à tester chaque correctif dans un environnement de préproduction. Dès lors, on évitera les régressions.
Vérification des vulnérabilités (scans automatisés)
Les pirates ne dorment jamais, et vos outils doivent être préparés à ça. Les scans automatisés de vulnérabilités sont des solutions qui passent au crible votre site afin de détecter des failles connues. Parmi elles : ports ouverts, versions de logiciels obsolètes, failles XSS, injections SQL, défauts de configuration serveur, etc. Ces outils fonctionnent (un peu) comme des antivirus appliqués à votre site. Ils permettent une surveillance continue, avec des alertes précises en cas d’anomalie.
Validation et assainissement des entrées utilisateurs
Chaque champ rempli par un internaute (formulaire de contact, champ de recherche, commentaire) peut devenir une menace si le contenu n’est pas vérifié. Sans filtrage, un pirate peut insérer du code malveillant pour détourner le site, accéder à la base de données ou exécuter des scripts chez d’autres visiteurs.
C’est le cas classique des attaques par injection SQL ou cross-site scripting (XSS). La sanitization consiste à “nettoyer” et valider les données avant de les exploiter : vérifier le type de donnée attendu (texte, nombre, email…), échapper les caractères spéciaux et bloquer toute tentative de code non autorisé.
Sécurisation des API externes
Les API (interfaces de programmation) permettent de connecter votre site à des services tiers : paiement en ligne, logistique, CRM, marketing automation, etc. Elles sont devenues indispensables, mais elles représentent aussi des points d’entrée sensibles. Si elles sont mal protégées, elles offrent aux attaquants un accès direct à vos données ou à celles de vos clients. Les bonnes pratiques incluent :
- Limiter les droits d’accès au strict nécessaire (principe du moindre privilège).
- Utiliser des clés d’authentification robustes et les renouveler régulièrement.
- Sécuriser les échanges avec du chiffrement (HTTPS/TLS).
- Mettre en place une surveillance des logs pour détecter toute activité suspecte.
En clair, une API doit être traitée comme une porte secondaire d’un bâtiment : elle doit donc être aussi bien verrouillée que l’entrée principale.
Gestion des accès
Rassurez-vous, tout ne dépend pas que des développeurs. Vous pouvez être acteurs de la sécurité de votre portail web. Plusieurs actions peuvent être anticipés et préparés par vos soins afin de faciliter le travail des équipes qui travailleront à la conception et la sécurisation de votre site Internet.
Politique de mots de passe
Le mot de passe est souvent la première barrière de sécurité… et trop souvent la plus fragile. Des mots de passe faibles ou réutilisés d’un service à l’autre représentent la principale cause de piratage des sites web. Une bonne politique de mots de passe impose des critères stricts, des plus simples aux plus élaborés :
- longueur minimale (12 à 16 caractères),
- usage combiné de majuscules, minuscules, chiffres et caractères spéciaux,
- interdiction des mots de passe communs (“123456”, “azerty”, “password”),
- politique de renouvellement
Authentification multifacteur (MFA)
Un mot de passe fort est une première étape, mais il peut toujours être volé ou deviné. L’authentification multifacteur (MFA) ajoute une couche supplémentaire de protection. Le principe est simple : en plus du mot de passe, l’utilisateur doit fournir une autre preuve d’identité, par exemple un code temporaire reçu par SMS, une notification via une application mobile (Google Authenticator, Authy, Microsoft Authenticator).
Même si un attaquant dérobe un mot de passe, il lui sera quasiment impossible de franchir cette seconde barrière. Pour un site Internet, activer le MFA pour tous les comptes administrateurs est aujourd’hui une bonne pratique incontournable.
Rôles et permissions granulaires
Tous les utilisateurs d’un site n’ont pas besoin des mêmes droits. Un rédacteur doit pouvoir publier des articles, mais n’a aucun intérêt à pouvoir modifier la configuration serveur. Un commercial doit accéder aux leads clients, mais pas aux données financières sensibles.
C’est ce qu’on appelle le principe du moindre privilège. Un système de rôles et permissions granulaires permet d’attribuer à chaque utilisateur uniquement les accès dont il a besoin, ni plus ni moins. Cette segmentation réduit les risques d’erreurs humaines et limite l’impact potentiel en cas de compromission d’un compte. Dans les CMS modernes (WordPress, Drupal, Joomla, etc.), ces rôles sont intégrés nativement et peuvent être affinés via des extensions ou développements spécifiques.
Sauvegarde et continuité
Maintenant, imaginons que tous ces dispositifs ne freinent encore pas suffisamment un pirate à s’en prendre à vous. Tout d’abord, évitez de jouer à une quelconque loterie ce jour-là, car vous ne serez vraisemblablement pas en veine ! Cependant, rassurez-vous, il existe des solutions pour vous permettre de restaurer votre site Internet grâce à des sauvegardes régulières.
Fréquence et type de sauvegarde
Une sauvegarde efficace ne se limite pas à un simple “copier-coller” du site une fois de temps en temps. Il faut définir une fréquence adaptée à votre activité : un site vitrine pourra se contenter d’une sauvegarde quotidienne ou hebdomadaire, tandis qu’un site e-commerce actif nécessitera des sauvegardes plusieurs fois par jour pour ne pas perdre de commandes ou de données clients.
Il existe également différents types de sauvegarde :
- Complète : copie intégrale du site et de la base de données (idéale mais plus lourde).
- Incrémentielle : seules les modifications depuis la dernière sauvegarde sont enregistrées (gain de temps et d’espace).
- Différentielle : capture des changements depuis la dernière sauvegarde complète (un compromis entre les deux précédentes).
Enfin, les sauvegardes doivent être externalisées (stockées hors du serveur principal, sur un cloud sécurisé ou un autre datacenter) pour éviter qu’une attaque ou une panne ne détruise à la fois le site et sa copie de secours.
Tests de restauration périodiques
Une sauvegarde qui n’a jamais été testée, c’est … un extincteur dont on n’est pas sûr qu’il fonctionne le jour de l’incendie. Les tests de restauration sont donc essentiels : ils consistent à simuler un incident et à vérifier que le site peut bien être remis en ligne rapidement et dans son intégralité.
Ces tests permettent de détecter d’éventuelles erreurs (sauvegarde corrompue, fichiers manquants, incompatibilités logicielles) et d’améliorer les procédures internes.
Idéalement, il faut définir une périodicité (par exemple un test trimestriel ou semestriel) et documenter un plan de reprise d’activité (PRA) : qui fait quoi, dans quel ordre, et en combien de temps. Ainsi, même en cas d’attaque réussie ou de panne grave, vous minimisez l’impact sur vos activités et garantissez une continuité de service.
Monitoring et réaction
Pour terminer (Oui, c’est fini !), voyons comment il est possible d’avoir une vue d’ensemble sur l’ensemble des moyens mis en œuvre pour protéger votre site web, e-commerce ou portail collaboratif.
Outils d’alerte en temps réel
Un bon système de sécurité n’est pas seulement préventif, il doit aussi être réactif. Les outils d’alerte en temps réel surveillent en continu votre site et vous avertissent immédiatement en cas d’activité suspecte : tentative de connexion répétée, injection de code malveillant, surcharge anormale du serveur, etc.
Ces alertes permettent d’agir rapidement avant que l’incident ne prenne de l’ampleur. Certaines solutions incluent même des réponses automatisées (blocage d’IP, mise en quarantaine d’un fichier corrompu) pour limiter l’impact avant une intervention humaine ou automatisée.
Rapports et journaux de sécurité
La traçabilité est une arme redoutable en cybersécurité. Les journaux (logs) enregistrent toutes les actions effectuées sur votre site : connexions, modifications de fichiers, appels d’API, envois de formulaires, etc.
En analysant ces données, vous pouvez identifier des comportements inhabituels, retracer une intrusion ou démontrer votre conformité en cas d’audit (RGPD, normes ISO, etc.).
Un rapport régulier synthétisant ces informations permet de prendre du recul, de détecter des tendances et de renforcer progressivement vos défenses.
Audit trimestriel et tests d’intrusion
Enfin, pour valider réellement l’efficacité de vos dispositifs, rien ne remplace un audit de sécurité. Réalisé par un tiers de confiance, il consiste à évaluer vos infrastructures, vos configurations et vos pratiques selon les standards du marché (OWASP, ISO 27001…).
Les tests d’intrusion (“pentests”) vont encore plus loin : des experts simulent les attaques de hackers pour identifier vos failles avant que de vrais pirates ne le fassent.
En réalisant ces contrôles au moins une fois par trimestre, vous vous assurez que vos protections restent à jour face à l’évolution constante des menaces.
Cette dernière option est plutôt dédiée à des sites de très grande envergure, avec un accès à des fonctionnalités commerciales et fonctionnelles stratégiques. Inutile de sortir le lance roquette pour attraper une mouche…
Conclusion
La sécurité d’un site Internet nécessite un vrai travail de fond. Assurez-vous que l’équipe qui prend en main votre portail saura répondre aux risques encourus. Plusieurs “red flags” doivent vous mettre en alerte immédiate :
- Un tarif déraisonnablement bas
- Une absence de mention liés à la RGPD, la sécurité, à la mise à jour …
- Une phrase du type “pas d’inquiétude pour la sécurité, votre site ne craint rien”
- Ou une autre “on s’occupe du site, mais on n’assurera pas la sécurité”
Notez qu’il n’est pas impossible de cumuler ces quatre éléments… Dans tous les cas, et adressez-vous à un prestataire plus sérieux.